Les 3e2 et 3e4 rencontrent Ginette Kolinka

Ginette Kolinka,

une passeuse de mémoire

            Le 5 décembre 2019, les classes de 3ème2 et de 3ème4 se rendaient au lycée agricole de Fontaines pour assister au témoignage de Ginette Kolinka. Cette dernière a connu l’un des pires moments de l’histoire de la France et peut-être même celle du monde, l’inimaginable pour nous aujourd’hui mais bel et bien réel pourtant. En effet, elle a enduré la déportation en camps d’extermination puis en camps de concentration. Elle était là, devant nos yeux, du haut de ses 94 ans, et nous racontait son histoire, si dure, si horrible, mais avec un certain humour tout de même.

Son histoire, la voici : après la division de la France en deux (la zone occupée et la zone non-occupée), elle et sa famille sont forcés de partir de Paris pour le sud suite à une dénonciation. Tout se passe bien jusqu’à ce qu’ils soient une nouvelle fois dénoncés. Des nazis les amènent alors dans un de ces trains à bestiaux dans lesquels on empile nombre de juifs, tsiganes… Arrivés en gare, on leur demande s’ils préfèrent prendre le camion pour se rendre au camp ou marcher (on insiste sur le fait que la marche sera longue et périlleuse). Elle montre naïvement à son père ce transport si simple et si rapide et ce dernier, accompagné de son fils et de son neveu, se précipitent dans le camion. Elle ne les reverra jamais.

Après ce tragique moment et une interminable marche, elle arrive dans une salle dans laquelle on lui demande de se déshabiller, un moment de honte totale pour elle. On lui épile par la suite ses poils pubiens, lui rase les cheveux, lui offre le droit à une douche puis vient enfin l’une des épreuves la plus rabaissante possible. Elle se fait tatouer un matricule, un code barre en quelques sortes, et le possède d’ailleurs toujours aujourd’hui. Elle est ensuite considérée apte à travailler, c’est donc ce qu’elle va faire.

Pendant plusieurs mois, elle ne redoutera plus qu’un seul moment, la « sélection ». Ce moment consistait à écarter les détenus les plus faibles. La moindre blessure, le moindre instant de fatigue et s’en était fini, vous étiez emmené dans une chambre à gaz.

Quelle vie !? Elle a connu Birkenau, Auschwitz, Theresienstadt, Bergen-Belsen et est désormais « passeuse de mémoire ». Durant cette conférence, elle insistait sur le fait que nous sommes désormais, comme elle, « passeurs de mémoire » et surtout, que tout ça n’est dû qu’à une chose : la peur de l’inconnu. Tout ça n’a conduit qu’à la haine et à la violence et c’est principalement ça qu’elle déplore. C’est donc une vraie morale qui se cache derrière cet émouvant et dur témoignage.

Pour les curieux, elle a écrit, avec Marion Ruggieri, Retour à Birkenau aux éditions Grasset.

Lucas G.-F., 3e4